Histoire

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Le château de Châteaudun, premier des châteaux de la Loire

Le château de Châteaudun côté Loir au crépuscule

Le château de Châteaudun, en Eure-et-Loir, est réputé pour son donjon et sa Sainte Chapelle du XVe siècle. Parcourez l’histoire de cette forteresse prestigieuse, demeure de Jean de Dunois, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc…

Châteaudun : une place-forte dès l’époque romaine

Le nom de Châteaudun provient du latin castellum, qui signifie « château », et du celte dunum, qui désigne un camp fortifié. Mentionnée dès le VIe siècle par Grégoire de Tours, cette place forte occupe effectivement un emplacement stratégique, aux confins des seigneuries de la Beauce et de l’Orléanais. 

Par ailleurs, elle est située sur les anciennes routes romaines reliant Chartres à Tours, et Orléans au Mans. En ce début de Moyen Âge, ces quatre villes sont autant de centres politiques, économiques et religieux. Leur proximité profite à Châteaudun, qui gagne en importance. À la mort du roi Dagobert, en 639, ses fils se partagent le royaume mérovingien. C’est à cette époque qu’est créé le pays de Dunois, un fief dont Châteaudun devient la capitale au Xe siècle.

Le château de Châteaudun côté Loir à l'automne
Le château de Châteaudun côté Loir à l'automne

Léonard de Serres

Le château des comtes de Blois

Après les invasions normandes, vers 910, Thibaud Ier de Blois, dit Thibaud le Tricheur, choisit Châteaudun pour y bâtir une forteresse. Le principal avantage de la ville ? Elle est située sur un éperon rocheux qui surplombe la vallée du Loir, permettant de surveiller les alentours. L’édifice est ensuite transmis à ses descendants, les puissants comtes de Blois. 

Entre 1170 et 1190 Thibault V, héritier de Thibault Ier, ordonne la construction de la « grosse tour ». Constituée d’un mur de près de 4 mètres d’épaisseur, elle est un ouvrage défensif mais aussi symbolique.

Ce donjon circulaire, l’un des mieux conservés à ce jour, mesure 31 mètres de hauteur sous toiture pour 17 mètres de diamètre. Il compte trois étages, dont les deux premiers possèdent des voûtes. Si son rez-de-chaussée abrite des réserves, les deux niveaux supérieurs servent de pièces de vie en cas de siège.
 

Le donjon et le pignon de l'aile Dunois vus depuis le nord
Le donjon et le pignon de l'aile Dunois vus depuis le nord

Léonard de Serres

La demeure des ducs d’Orléans

En 1391, les comtés de Blois et de Dunois sont achetés par Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI. Nous sommes au cœur de la guerre de Cent Ans, commencée en 1337, et Louis d’Orléans est l’ennemi de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Hélas, il est assassiné en 1407 par le fils de ce dernier, Jean sans Peur. 

Le comté de Dunois revient donc à Charles d’Orléans, son fils aîné, mais celui-ci est fait prisonnier par les Anglais en 1415, tout comme son frère Jean, comte d’Angoulême. Résultat ? C’est leur demi-frère illégitime, Jean, dit le « Bâtard d’Orléans », qui se retrouve à la tête de la famille. 

Réputé pour sa vaillance, celui-ci s’illustre par ses faits d’armes au cours du siège d’Orléans (1428-1429). Il devient le compagnon d’armes de Jeanne d’Arc et participe activement à la reconquête de la France face aux Anglais. Pour récompenser sa bravoure, Charles VII le nomme Grand Chambellan et seigneur de Dunois en 1439. Jean de Dunois devient ainsi l’un des plus importants dignitaires du royaume !

L'adoubement de Jean de Dunois, scène de La Grande Epopée
L'adoubement de Jean de Dunois, scène de La Grande Epopée

Thomas Thibaut

Une solide forteresse aux mains de Jean de Dunois

Déterminé à endosser dignement l’héritage de ses prédécesseurs, Jean de Dunois lance d’importants travaux au château de Châteaudun. Il fait démolir les anciennes fortifications, mais préserve le donjon, qu’il fait couvrir d’une nouvelle toiture. En cette fin de Moyen Âge, l’édifice est toujours un symbole fort du pouvoir seigneurial ! 

Une chapelle est édifiée entre 1451 et 1493 pour abriter une relique de la Passion du Christ (un morceau de la Vraie Croix), reçue par Dunois du roi Charles VII. Elle sera érigée en Sainte Chapelle par décision du pape en 1498. Il s’agit d’un privilège très rare, réservé aux descendants de Louis IX, fondateur de la Sainte-Chapelle de Paris. Seule une dizaine de saintes chapelles sont ainsi construites entre le XIIIe et le XVIe siècle ! 

Au cours des années 1460, il ajoute un nouveau corps de bâtiment, destiné au logis seigneurial. Cette volonté reflète le besoin de confort après la guerre de Cent Ans et la volonté de recevoir une cour d’une centaine de personnes, digne d’un des personnages majeurs du royaume. L’aile Dunois est achevée à sa mort, à l’exception du décor sculpté du grand escalier.
 

Vue intérieure du niveau bas de la Sainte Chapelle
Vue intérieure du niveau bas de la Sainte Chapelle

Jean-Luc Paillet

La superbe demeure princière des Longueville

François Ier d’Orléans poursuit l’œuvre de Dunois, son père. Il termine la sainte-chapelle et construit une extension au nord du château. Il fait également élever les soubassements de la future aile Longueville

François II de Longueville, petit-fils de Dunois, fait réaliser cette dernière au début du XVIe siècle. Si son architecture relève du gothique flamboyant, l’aile Longueville annonce néanmoins la Renaissance et les grands châteaux de la Loire par son style italianisant. 

Elle abrite notamment un escalier richement orné, ainsi que les appartements de Catherine d’Alençon, épouse de François II. Plusieurs splendides tapisseries des XVIe et XVIIe siècles y sont exposées, à l’instar de la Rencontre de Clorinde et Tancrède.
 

Le noyau de l'escalier Renaissance de l'aile Longueville
Le noyau de l'escalier Renaissance de l'aile Longueville

Léonard de Serres

Le château de Châteaudun : un patrimoine d’exception sauvé de la ruine

En 1694, la maison d’Orléans-Longueville, sans descendance, s’éteint. Le château passe aux mains de Louise de Bourbon-Condé, épouse de Charles Philippe d’Albert, duc de Luynes et de Chevreuse. En 1723, un incendie ravage la ville de Châteaudun. Le duc de Luynes ouvre alors les portes du château pour y recevoir les victimes. 

Le château ne sortira pas indemne de la Révolution française, avec la profanation des sépultures de la crypte, le saccage de la chapelle et la dispersion du mobilier. Il est ensuite transformé en caserne et subit les attaques des troupes prussiennes en 1815. Enfin, durant la guerre de 1870, les bombardements viennent endommager les bâtiments. 

Grâce à l’intervention de l’État, qui l’acquiert en 1938, le château est sauvé de la ruine. Le service des Monuments historiques le fait restaurer, sous la direction de l’architecte Jean Trouvelot. Son authenticité et sa richesse patrimoniale sont aujourd’hui mis en valeur par le Centre des monuments nationaux. 

Saviez-vous que les fossés comblés côté sud accueillent un jardin d’inspiration médiévale ? Le foisonnement de plantes aromatiques et médicinales sublime les abords de l’édifice !

Le jardin d'inspiration médiéval au pied du donjon
Le jardin d'inspiration médiéval au pied du donjon

Philippe Berthé

Préparez-vous à être conquis par les 1001 facettes du château de Châteaudun ! Côté Loir, il vous surprendra par sa présentation monumentale. Côté cour, ce sont plus de 8 siècles d’Histoire qui s’offriront à votre regard…

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Les ailes Dunois et Longueville vues depuis la ville en contre-bas
Les ailes Dunois et Longueville vues depuis la ville en contre-bas

Léonard de Serres

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