Art & Architecture

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Un millefeuille architectural, entre Moyen Âge et Renaissance

Le château de Châteaudun vu depuis la place Jehan de Dunois

L’architecture du château de Châteaudun mêle des éléments du Moyen Âge et de la Renaissance, reflets de son histoire fascinante !

Un donjon médiéval imposant

Dès l’Antiquité, un oppidum celte, soit un village fortifié, se dresse à l’emplacement de Châteaudun. À la fin du XIIe siècle, cette place forte devient une forteresse médiévale avec la construction d’une tour sur la pointe de l’éperon rocheux. 

Cette tour massive mesure 31 mètres de haut pour 17 mètres de diamètre et ses murs atteignent 4 mètres d’épaisseur ! Elle se compose de trois niveaux, dont deux en coupoles. Le rez-de-chaussée accueille des réserves, tandis que les étages supérieurs servent de refuge en cas de siège.  

La tour est également dotée d’un chemin de ronde   et de créneaux  , bien que son architecture ne corresponde pas tout à fait à celle d’un château fort typique, avec ses nombreux éléments défensifs. Elle se veut surtout un symbole de pouvoir et de puissance militaire !

Découvrez également le jardin d’inspiration médiévale, reconstitué au début des années 2000.

Le donjon et le pignon de l'aile Dunois vus depuis le sud
Le donjon et le pignon de l'aile Dunois vus depuis le sud

Léonard de Serres

Une demeure au style gothique flamboyant

Personnage illustre de la guerre de Cent Ans, Jean d’Orléans est fait comte de Dunois en 1439. Il s’installe au château de Châteaudun, et fait détruire l’ancien édifice pour y construire un « château neuf », digne d’un grand seigneur. L’aspect militaire s’efface progressivement, au profit d’éléments de style gothique

Dunois fait ainsi bâtir une chapelle à partir de 1451. Trois campagnes de constructions sont nécessaires, d’où l’aspect hétérogène de l’architecture. Si l’extérieur semble austère, l’intérieur abrite un magnifique ensemble de statues, dont une Vierge à l’Enfant. 

Un nouveau corps de logis est aussi élevé sur six niveaux, dont seuls quatre sont visibles de la cour. Il dispose d’un grand escalier en vis, dont les marches sont superposées autour d’un pilier central. Le bâtiment accueille également un appartement des bains et des cuisines, tous voûtés sur ogives. 

Les ailes Dunois et Longueville vues depuis la ville en contre-bas
Les ailes Dunois et Longueville vues depuis la ville en contre-bas

Léonard de Serres

Les ornements élégants de la Renaissance

En 1510, les héritiers de Dunois ajoutent une extension côté Loir : l’aile Longueville. Regardez : ses façades, aux décors travaillés, contrastent avec la sévérité des bâtisses du siècle précédent. 

Une « grande salle »   aux dimensions considérables se trouve au rez-de-chaussée de l’aile gauche. Deux cheminées étaient nécessaires pour la chauffer ! Approchons-nous de l’une d’elles : richement sculptée, elle est surmontée d’un cerf couché. De splendides tapisserie, rappelant le faste de l’art de cour des grands seigneurs, y sont aussi exposées. 

Pièce maîtresse du bâtiment, un grand escalier à loggia  dessert les étages. Son décor intérieur reflète l’influence de la Renaissance italienne, avec anges, oiseaux et colonnes antiques. 

Enfin, un magnifique jardin suspendu se déploie sur une terrasse. Là encore, l’inspiration italienne se fait sentir. Unique dans le Val de Loire, et considéré comme le premier jardin suspendu de la Renaissance en France, il est l’une des particularités de ce château haut perché !

L'aile Longueville du château de Châteaudun
L'aile Longueville du château de Châteaudun

Léonard de Serres

L’architecture du château de Châteaudun à l’épreuve du temps

Malheureusement, l’édifice subit des dommages au cours de la Révolution française. La chapelle est saccagée et la crypte, profanée. Les cercueils des descendants de Jean de Dunois sont emportés, tandis que le mobilier est dispersé. Le château est finalement transformé en caserne militaire.

Nouveau siècle, nouveaux dégâts… Les attaques des Prussiens, en 1814, puis en 1870, détériorent davantage le château. Il est finalement sauvé de la ruine en 1938, grâce à l’intervention de l’État. Après la Seconde Guerre mondiale, des travaux de restauration lui permettent de retrouver sa splendeur d’antan, sous la direction de l’architecte Jean Trouvelot.

Entre gothique flamboyant et architecture Renaissance, le château de Châteaudun est une illustration réussie de la transition stylistique entre Moyen Âge et Renaissance. 

Venez découvrir les secrets de ce château perché au-dessus du Loir !

Vue de la cour depuis la grille d'entrée

Jean-Luc Paillet