Remontez le fil du temps de la tapisserie tout l’été au château de Châteaudun !
Alors que la gastronomie et l’art de vivre à la française sont mis à l’honneur cette année en Région Centre Val-de-Loire par la saison Nouvelles Renaissance(s] !, l’exposition « Au Fil du temps » réunit des pièces de tapisseries anciennes de la collection du château de Châteaudun, des œuvres venues de la Cité internationale de la tapisserie, en majorité modernes ou des créations contemporaines, ainsi qu’une installation de 24 divans de Franz West (1947-2012) recouverts de tapis. Une occasion exceptionnelle d’accueillir des œuvres de l’artiste en dehors des grands circuits internationaux de l’art, grâce à un partenariat avec le Centre Pompidou.
En faisant appel aux collections de la Cité de la tapisserie, le château de Châteaudun renforce ainsi l’une de ses caractéristiques fortes, la tapisserie, tout en mettant en lumière l’art de vivre par le choix des œuvres invitées autour de trois thématiques : la mode, la musique, la gastronomie (que l’exposition de pièces de la Faïencerie de Gien vient harmonieusement compléter).
Conçue en partenariat avec la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson, la Faïencerie de Gien, le Centre Georges Pompidou et le Centre national des arts plastiques, cette exposition propose de tisser une relation particulière entre le public et le monument grâce à des partenariats inédits avec de grandes institutions culturelles françaises.
Dessinée sur un circuit de visite spécifique en application des règles sanitaires, l’exposition commence par la Sainte-Chapelle du château. Les tapisseries modernes et contemporaines d’Aubusson, La Marchande de poissons (d’après M. Dambiermont) dans des tons bleus, en écho à Confluentia (d’après B. Baitel), bleu-turquoise comme une grande source d’eau, non loin de Lumière et fruits de mer (d’après M. Matégot) à dominante rouge rappellent les couleurs de la fresque de l’oratoire Le Jugement Dernier datant de 1467.
Dans les logis, les visiteurs sont accueillis par deux œuvres sur le thème de la musique, Piano des villes (L. Coutaud), le carton très coloré d’une tapisserie moderne, et La Ronde, une tapisserie classique, deux époques différentes en miroir. Dans le tribunal, deux tapisseries aux formes géométriques, Saint Mars (d’après R. Mortensen) et Carte de Noël (d’après C. d’Estienne), des œuvres très colorées comme des vitraux, sont mises en relief sur les lambris de bois sombre.
Les salles suivantes présentent Histoire de l’histoire n°2 Comètes et compagnie (d’après J. Lagrange), Toile d’araignée et Bannières rouges (les deux d’après C. d’Estienne), complétées par des créations récentes d’Aubusson dans le domaine de la mode, Blouson Teddy (d’après C. Phung), Henri Cap (d’après V. Blouin et J. Legras), Infinite Flowers : Myosotis (d’après M. Rebecq), Libramen forma (d’après P. Vilsbol et D. Kestner) et Manteau « Ribedo » (d’après C. Bonneterre).
Avant d’entrer dans la salle à manger, deux tapisseries modernes, Vin et fruits de mer et Musique et coquillages (les deux d’après J. Lurçat), donnent un avant-goût de festin. Dans la salle à manger fleurie pour l’exposition, la table est dressée avec la vaisselle de Gien tandis qu’une Nature morte coupe de fruits melon, raisins (d’après P. Deltombe), est tendue sur un chevalet. Le choix a été ici de ne pas exposer des pièces anciennes de la manufacture de Gien sous vitrine mais, au contraire, de faire en sorte que cette salle à manger soit d’autant plus vivante qu’il s’agit de vaisselle d'aujourd’hui avec des créations accessibles à tous.
Le parcours consacré aux œuvres de la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson se termine dans la salle des « L » avec une grande tapisserie classique, Les noces de Daphnis et Chloé (d’après É. Jeaurat) et deux pièces de céramique, un pichet et une assiette de Jean Lurçat. Ainsi, « Au Fil du temps » ne cesse de jouer sur des temporalités différentes, sans chronologie mais dans un va-et-vient coloré et festif entre les époques et les techniques de création, entre tapisserie et céramique.
La visite mène ensuite à la grande salle des tapisseries au rez-de-chaussée de l’aile Longueville où l’on découvre 24 divans de l’Auditorium de Franz West, un moment fort avec l’accumulation de ces œuvres recouvertes de tapis, en regard des tentures classiques des collections du château. Les divans de Franz West entrent dans la catégorie des « sculptures d’usage », des œuvres d’art que l’on peut regarder mais aussi et surtout s’approprier en les utilisant, ici par exemple, pour regarder les tapisseries présentées dans la salle. Ces 24 divans entrent en dialogue avec la collection permanente et le caractère monumental de l’architecture du château. Cette initiative s’inscrit dans une volonté de faire du monument un lieu de vie actuel, inscrit dans le présent.
Le critique d’art et commissaire d’exposition Nicolas Bourriaud soulignait, en 1997 dans l’ouvrage Franz West, à quel point les divans de l’artiste viennois sont déroutants pour le spectateur « frustré d’un objet à admirer » et « amené à s’asseoir sur ce qu’il désirait regarder ». La grande rétrospective organisée en 2018 au Centre Pompidou à Paris a mis en lumière l’œuvre de Franz West : «… qui n’a cessé de brouiller les frontières entre l’art et la vie … Elle a aussi constamment joué sur l’opposition entre populaire et érudit, action et contemplation, individuel et collectif, intuitif et intellectuel, ou encore art et design ».
Auditorium une œuvre de Franz West
Œuvres prêtées par le Centre Pompidou et le Centre national des arts plastiques – Fonds national d’art contemporain : 24 pièces appartenant à Auditorium (© Estate Franz West/ Cnap )
Histoire de l’œuvre : En 1992, Franz West, invité à participer à la Documenta IX à Kassel en Allemagne, demanda au commissaire de l’exposition ce dont il aurait besoin, révélant ainsi un manque d’assise pour le public pendant cette vaste manifestation très visitée et étendue sur une grande partie de la ville. L’artiste s’est alors procuré des tapis d’orient, anciens, en mauvais état ou abandonné auprès de tous les pressings et entreprises de nettoyage de textiles d’ameublement de Vienne. Il a ensuite créé des structures métalliques sommaires en fer à béton qu’il a habillé de mousse avant de les draper de ces tapis de récupération.
Références de l’œuvre : Série de 72 canapés, fer à béton, tapis d'orient. Création pour la Documenta IX – Kassel - Allemagne en 1992. Achat par le CNAP en 1994 ; En dépôt au Centre Pompidou depuis le 26/03/2001.
Description : 72 divans en fer à béton sur lesquels sont posés des tapis d'Orient usagés, utilisés comme assise par le public. Dimensions moyennes de chaque divan : L 230 cm x H 80 cm x P 90 cm
Bon plan : Tout l’été, si vous voulez continuer à voir des œuvres habituellement exposées au Centre Pompidou, vous pouvez poursuivre votre visite au château de Blois pour découvrir « Le tableau de Martial Raysse ».
Les œuvres conservées à la Cité internationale de la tapisserie
Les collections de tapisseries du Centre des monuments nationaux
Le Centre des monuments nationaux conserve au château de Châteaudun la plus importante collection de tapisseries anciennes après celles du Mobilier national. Depuis l’achat du château de Châteaudun par l’Etat en 1938, une politique raisonnée d’acquisition de tapisserie y est menée. La collection s’est ainsi enrichie et compte à présent une centaine de tapisseries des XVIe et XVIIe siècles, de manufactures françaises et flamandes, dont les riches tentures de l’Histoire de Moïse (1545-1548), de l’Histoire de Gédéon (deuxième moitié du XVIe siècle), de l’Ancien Testament (1640-1650) et de l’Histoire de Tancrède et Clorinde (deuxième moitié du XVIIe siècle). D’autres sont en dépôt dans de prestigieuses institutions ou conservées en réserve au château. Pour en savoir plus :
En partenariat avec la Cité internationale de la tapisserie, la Faïencerie de Gien, le Centre Georges Pompidou et le Centre national des arts plastiques, avec le soutien des transports Jumeau.
L’accès à l’exposition est inclus dans le droit d’entrée.